La pécheresse pardonnée

Publié le 16 juin 2010


Ma chère Claude,

Voyons cet évangile, si riche et si convaincant à la fois. Ce pauvre Simon n’en revenait pas car au milieu de ce repas de notables, j’étais le roi ou pressenti comme tel. Tous me faisaient des courbettes et des baise-mains entendus. J’étais l’hôte de qualité convié pour être détaillé, observé de manière obséquieuse. L’attention de ces braves gens était pour moi , le « prodige », celui dont tout le monde parlait dans le pays.

De plus j’étais physiquement beau, alors tu imagines la convoitise des uns et des autres. Bref, lorsque cette pauvre fille fit irruption dans cette salle, les mots ne suffisent pas à qualifier cet acte ! son attitude dégradante aux yeux de certains convives n’a fait qu’aggraver sa situation.

Plus elle pleurait, plus elle s’étalait parterre, comme une pécheresse au bord du tombeau. Sa vie n’avait plus de sens pour elle. Elle n’osait pas me regarder, elle s’offrait à moi dans une attitude de repentance extrême.

Les hommes l’avaient tellement souillée qu’elle même ne savait plus qui elle était, seulement un objet de luxure. Le parfum qu’elle me versa dessus était un cadeau qu’elle avait reçu en paiement de ses actes, d’un bellâtre abuseur de sa soumission. Pourtant, en elle il n’y avait que de la générosité et de l’amour. Mais personne ne lui avait laissé le temps et l’opportunité de l’exprimer. Avec moi elle redevenait la petite fille aimante, docile, douce. Son cœur n’était pas de pierre, mais bien au contraire rempli de gratitude et de reconnaissance.

Quant elle eut terminé, je plongeais mon regard dans le sien et là toute cette souillure, tous ses péchés, tout ce qu’elle avait subi d’honteux disparurent. Elle se releva et joignit ses mains dans les miennes à la grande stupeur de mon hôte. Oui j’expliquais ainsi que ce n’est pas le péché qui rebute ou empêche le pardon. Devant une demande sincère et authentique le péché ne me fait pas peur. Plus il est grand plus il mérite de l’attention à l’égard de celui qui se repend. Mais au contraire, c’est l’orgueil et l’attitude arrogante de certaines personnes qui se croient sans fautes et jugent les autres que la miséricorde tarde à venir.

« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » . Ton péché est grand, dévastateur, meilleur sera le pardon. Mais si ton cœur est pur, sois sans crainte les grâces te seront données à profusion.

Le pécheur qui se repend gravit les marches pour atteindre le paradis, le juste qui aime sans juger est déjà dans le paradis.

Amen ma fille ces femmes qui m’ont suivi m’ont donné la clé de la vie, elles n’ont pas toujours exposé leurs souffrances par pudeur, mais elles ont partagé les miennes par respect et par amour.

Le pardon, elles savent ce que cela veut dire, les hommes de leur temps ne les ont pas comprises. C’est par la femme que le bonheur s’impose et se divise à tous, c’est par la femme que la vie devient respectable. Amen.

Ton Seigneur Dieu, Jésus Christ roi de l’univers


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