Méditation sur la veillée du Jeudi Saint (01 avril 2010).

Publié le 3 avril 2010, mise à jour le 4 octobre 2018


Veillée sainte,

Moi André est les autres sommes là présents avec vous.

Lors de la dernière nuit, nous veillons sans parvenir à ne pas tomber de sommeil, le maître attend son heure, il est fébrile, angoissé, se tordant les mains et se jetant à genoux. Ses mains tordues par la détresse, levées vers le ciel en guise de supplique, il supplie, il implore, car il sait où se terminera son chemin. Il ne voulait pas cela. De temps en temps les sanglots l’étouffent, il se mord les lèvres. Des petits cris sortent de sa bouche comme s’il s’étouffait. Les larmes coulent, coulent, l’humeur le gagne, le désespoir l’envahit. Il se redresse, marche de long en large ; il entend au loin les bruits de la foule, les bruits de la vie qu’il va laisser, abandonné de tous.

Il s’est retiré loin pour ne pas affronter son destin entouré de fauves, le drame de son existence. Il est là sanglotant, les bras croisés sur son visage, il appelle sa mère, il l’appelle dans un hurlement qu’il étouffe. Où est sa dignité d’homme ? En cet instant il n’est qu’un agneau qui attend le sort douloureux qui lui est réservé.

Le ciel est illuminé et clair, comme au jour de sa naissance, mais ce soir il est seul et la gloire qui l’attend n’est pas celle à laquelle il croyait. Le moment n’est pas venu. Il va affronter les loups hurlants, déchaînés contre lui. Il ne peut rien faire, ni se défendre, ni partir, en aurait-il le courage et la volonté ? A présent il pleure doucement comme un enfant. Il voudrait s’épancher sur l’épaule de quelqu’un, croire que tout va s’arranger, que des paroles vont le consoler. Mais non, rien de tout cela, car nous ses amis nous dormons, nous dormons à poings fermés. Nous aurions dû le cacher, le protéger, mourir avec lui !

Quand Judas l’Iscariote réalisa son dessein nous n’avons rien fait. Nos lâchetés nous ont éprouvés, aussi dès l’annonce de sa résurrection, nous avons voulu mourir en martyre pour éprouver dans notre chair ce que le Maître avait subi, juste retour des choses. Le Maître ne voulait pas cela de nous, mais c’est nous qui l’avons désiré. Le Maître était si beau, si grand, si noble, si plein d’amour que notre lâcheté nous à empoisonnés jusqu’à ce que par notre martyre nous nous soyons rachetés.

Amen moi André le fidèle, je te raconte comment cela s’est passé. Ne sois pas triste, car le Maître nous a tous rétablis dans sa confiance et son Amour.

Saint André


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