Méditation reçue le soir du jeudi Saint 21 avril 2011 pendant l’adoration.

Publié le 25 avril 2011


Je suis là et j’attends que la nuit s’achève.

Cette nuit sans étoile qui maintient mon âme dans l’obscurité, même la lune me fait défaut. Pas d’ombre qui se projette. Les arbres du jardin se fondent dans cette obscurité sordide. Aucun bruit, rien qui ne vient bousculer l’inertie de cette nuit. Je prie, je sanglote, j’espérais une autre voie à mon destin. Je désespère vraiment de cette humanité que j’ai porté à bout de bras.

Je souhaitais que tout se passe selon ma volonté, mais est-ce ma volonté qui doit s’exprimer ?

Les oiseaux de nuit s’agitent, occupent les branches basses de l’arbre sous lequel je repose. Leurs cris lugubres me glacent, je frissonne. Je ne peux les distinguer mais je les sens et les entends. Pauvre engeance vouée à la mort. Je pleure sur mes frères, mes amis, ma famille, ce monde qui ne va pas bien. Que suis-je venu faire dans cet enfer ? Ma parole qu’en reste-il ? J’aperçois au loin des vagues de chaleur montant de la ville haute comme des mirages. Non la dure réalité m’enveloppe. Je suis seul et bien seul. Eux, ils reposent, paisiblement, un peu plus loin, la nuit les a engloutis comme elle m’engloutit. Pas âme qui vive, pas de senteur, aucun effluve sucré, comme j’aime les respirer. Rien qui ne me manifeste un peu de vie, sauf le jacassement interminable de ces oiseaux qui semblent me narguer. Ils m’épient j’en suis sûr, ils se réjouissent de ma détresse.

Je lutte contre l’angoisse qui monte en moi et qui m’étreint peu à peu. Où sont-ils donc tous ceux qui voulaient me toucher, m’approcher, me caresser ? Tous ceux qui se disaient mes amis ! Je ne les vois plus. Je suis bien le seul à me souvenir des jours heureux passés au milieu d’eux. Les jours heureux ? Dites-vous ? Comme ils sont loin...

Ma courte vie a été comblée par la joie d’accomplir ce que le Père voulait. J’ai côtoyé tant de misère, accompli tant de prodiges, vécu tant de moment de grâce, de partage dans la prière féconde et l’adoration de notre Père du ciel. Je pense à tout cela et je pleure. J’ai pleuré souvent sur le sort des autres mais ce soir c’est sur moi que je pleure. Triste instant, que penserait ceux qui m’appelaient maitre, rabbi. Ce soir je ne suis plus rien, abandonné de tous.

J’attends l’instant où je me confronterai à ma propre nuit car je sais à présent où cela me conduira.

Bientôt je verrai l’éternelle lumière mais la porte que je dois franchir est étroite, la mort me guette, mais je sais que ce ne sera pas la fin. mon Père du ciel m’attend je suis prêt pour accomplir sa volonté.

Les voilà, ils arrivent tous ces serviteurs de Satan. Ils arrivent et vont m’emporter vers l’ignoble sacrifice auquel ils me convient.

La coupe est servie et je vais la boire, elle a un goût amer. Je me rendrai sans défaillir, sans me défendre. Je ne verserai pas de larme, je resterai digne jusqu’au bout et je leur montrerai quel fils d’homme je suis. Je les suivrai sans un mot sans un cri.

Je suis l’Homme par qui le scandale arrive, le scandale de l’Amour. Amen.


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