Visite des lieux Saints à Aniane.

Publié le 21 janvier 2008


Nous continuons comme promis la visite de lieux saints héraultais. Aujourd’hui nous allons à ANIANE pour une visite virtuelle de :

- l’église des Pénitents blancs
- l’église paroissiale St Sauveur ou Abbaye St Benoît
- la chapelle de Notre Dame de la Délivrance.

Au sortir des gorges de l’Hérault, abrité par les collines avoisinantes, le village d’ANIANE, fondé au VIIIè siècle, doit son origine à SAINT BENOIT qui, séduit par l’endroit, y bâtit son abbaye. Ce village sur le chemin de St Jacques de Compostelle, recèle des joyaux d’architecture tels que l’Eglise St Sauveur et l’église des Pénitents.

* l’église des Pénitents (actuellement désaffectée sert de salle d’exposition et d’office du tourisme) ou plus exactement l’église St Jean Baptiste, du fait qu’elle abrita de 1590 jusqu’au au début du XXè siècle une confrérie de pénitents blancs, est l’ancienne église paroissiale dont l’emplacement fut choisi par St Benoît lui même. Cette église forme un ensemble architectural composite où l’on peut déceler plusieurs styles de construction pratiqués depuis le Moyen-âge jusqu’au XVIIè siècle.

*l’église St Sauveur date du VIIIè siècle, dévastée au XVIè siècle, reconstruite au XVIIè par les moines bénédictins de la congrégation de St Maur, de style baroque, orgue du XVIIIè.

Emplacement de la première église fondée par Saint Benoit en l’année 782 et dédiée par lui au Christ, Sauveur du monde, cette église n’existe plus aujourd’hui : Ardon, son disciple et biographe nous en a laissé une description enthousiaste : par son ampleur et sa décoration., elle permettait une célébration solennelle. Cet édifice a du subir des transformations,sinon une reconstruction totale aux époques romane et gothique, mais nous ignorons à peu près tout puisque la reconstruction du XVIIè a fait disparaître ce qui pouvait alors en subsister.

Dès 1661, un plan de reconstruction du monastère fut approuvé. Pose de la première pierre par l’abbé commendataire Pierre de Bonsi, Cardinal du titre de St Eusèbe et archevêque de Narbonne le 28 avril 1679.

Le 10 février 1688, le même personnage bénissait solennellement l’édifice et consacrait le maître-autel. La date, 1714, qui conclut l’inscription placée au-dessus du portail d’entrée, indique l’achèvement des travaux par les mauristes et fait le lien avec l’édifice construit à l’origine par Saint Benoît : "ce temple, dédié par Saint Benoît d’Aniane au Christ Jésus, sauveur du monde, les moines de la congrégation de Saint Maur l’on fait reconstruire en 1714". (1)

L’abbaye est vendue à la révolution, l’église devient paroissiale et les bâtiments conventuels sont transformés successivement en filature de coton et à partir de 1845 en maison de détention. ; les transformations du 19è siècle n’ont pas dénaturé le monument qui reste un des rares exemples complet d’architecture monastique d’ancien régime.

(1) d’après les notes de l’Abbé Gérard ALZIEU, Archiviste Diocésain, Prêtre de St Guilhem-le-Désert

Saint Benoît : sa vie, son oeuvre :(2)

Né vers 750 d’une famille de l’aristocratie wisigothique, dont le père était comte de Maguelone, le jeune Witiza fut envoyé à la cour de Pépin le Bref pour y recevoir l’éducation réservée aux fils des grandes familles appelés à seconder le roi dans les tâches politiques et militaires. C’est la carrière militaire qui l’occupe d’abord, mais il l’abandonna bientôt fatigué du faste et des grandeurs.

Il entra à l’abbaye de Saint Seine les Dijon, où il prit pour nom de religion celui de Benoît. Elu abbé du monastère, mais ne parvenant pas à ramener ses frères à l’observance exacte de la règle, il quitta l’abbaye se retira sur une terre que son père possédait dans la vallée de l’Hérault, et qu’on appelle aujourd’hui ANIANE.

Quelques uns de ses amis le suivirent avides comme lui de prières et de pénitence. D’autres vinrent plus tard. Le désert se peupla, la solitude fleurit.

En 794, une cruelle famine survint, un grand nombre de paysans quittèrent leurs terres pour se réfugier auprès de l’illustre solitaire. Benoît les reçut comme des envoyés du ciel, et vit augmenter ainsi le nombre de ses enfants.

Tels furent les bases et les premiers développements de la célèbre Abbaye. Le nouveau monastère prit son essor grâce à la découverte de la règle de son homonyme Benoît de Nurcie, fondateur de l’abbaye du Mont Cassin que Benoît mis en oeuvre à ANIANE.

Le succès fut tel que de partout on s’adressa au St Abbé pour réformer les anciennes abbayes ou en fonder des nouvelles : ANIANE était devenu une véritable ruche monastique qui compta jusqu’à 300 moines d’où partirent des essaims nombreux à travers tout l’empire pour y répandre à la fois la règle bénédictine et les bienfaits de la civilisation chrétienne. Benoît qui était devenu le conseiller très aimé et très écouté du jeune roi Louis, fils de Charlemagne, fut invité à le suivre à Aix-la-Chapelle lorsqu’il succéda à son père, à la tête de l’empire : c’est là qu’il mourut le 11 février 821. Il fut inhumé à l’Abbaye toute proche d’Inden, aujourd’hui Cornélimunster.

Les qualités de Saint Benoît :
- Totale confiance en Dieu
- Esprit de silence et de contemplation
- Humilité
- Promptitude et exactitude à remplir les tâches qui lui sont confiées
- Refus du pouvoir
- Un esprit fraternel : jeune moine il prend sur lui les tâches les plus ingrates ; supérieur, il continue de participer à toutes les tâches et il aide ceux qui ont besoin de lui ses frères et les monastères voisins
- Patience
- Pardon
- Refus de juger les autres
- Il a le sens de l’autre, de la dignité de l’autre, il ne souffre pas qu’aucun serf soit attaché à ses terres, les libère Au cours d’une famine il partage même le nécessaire avec les pauvres qui affluent aux portes du monastère.
- Il a le don de pacifier ceux qui l’approchent
- Par dessous tout a un très grand sens de l’incarnation. Dans tout homme il voit Dieu présent parmi nous cheminant avec nous ; c’est le Seigneur qu’il reconnaît en chacun de ceux qu’il côtoie, parce qu’il voit le visage de son Seigneur en tout homme, il refuse d’accabler qui que ce soit. ainsi un jour, rencontrant un homme monté sur son cheval au monastère, il préfère se taire plutôt que le couvrir cet homme de confusion.

(2) d’après les notes éditées par l’Association St Benoît d’Aniane

* Chapelle dédiée à Notre Dame de la Délivrance : Quand St Benoît fit élever une grande église qu’il dédia au Saint Sauveur, il fit construire en même temps à coté de ce nouvel édifice une chapelle à la Vierge "Mère de Dieu". Depuis cette époque lointaine, il s’est formé entre le coeur de la Vierge et le coeur des habitants d’Aniane des liens que rien ne peut briser. On en trouve la preuve tout au long des siècles :
- en 1384, les Anglais dévastèrent tout le midi de la France. Ils assiègent Aniane. Le 8 septembre, ils croyaient entrer dans la ville, mais les pauvres assiégés se souvinrent de leur Mère, et firent le voeu de bâtir une chapelle en l’honneur de Marie si elle les délivrait. Leur prière fut exaucée, les anglais se retirèrent sans que la ville eut à souffrir d’aucun dommage. Cette église fut bâtie après que l’évêque de Maguelonne, Pierre de VERNOBS, ancien abbé d’Aniane donna par diplôme du 27/10/1385, l’autorisation d’ériger cet édifice. Cette église eut l’honneur d’être dédiée à Marie Immaculée. Aniane fut donc la première église des paroisses du diocèse et peut être de l’église de France, à inaugurer le culte officiel et public de l’Immaculée Conception. Pendant deux siècles ce sanctuaire reçut un grand nombre de visiteurs pieux ;
- en 1562, les calvinistes s’en emparèrent et le détruisirent. Ils pénétrèrent dans le couvent, chassèrent les moines et mirent en ruine St Sauveur.

Les Anianais se reportèrent sur un autre endroit. Il existait une chapelle dédiée à Marie, située dans le faubourg réganais : Notre Dame de l’Humilité, mais elle était si petite, qu’elle pouvait à peine contenir 20 personnes. Ils s’en contentèrent jusqu’à la réforme. Dès que la paix revint, ils construisirent un autre monument sur l’emplacement de Notre Dame de l’Humilité. C’est celui qui existe aujourd’hui sous le vocable de NOTRE DAME DE LA DELIVRANCE. Ce vocable convient bien à Aniane qui a toujours été délivrée de ses malheurs par la protection de Marie. L’épidémie de 1849 en fournit la preuve irrécusable. Au mois de septembre le choléra fondit sur la cité avec une fureur effrayante. En quelques jours il y eut de nombreuses victimes. Dans cette heure difficile on pensa à Marie. Le 12 eut lieu une procession solennelle en son honneur, et le fléau disparut immédiatement ; tout le monde vit un miracle dans cette cessation subite. A la suite de ces évènements, la chapelle de Marie fut visitée encore plus souvent et avec une plus grande dévotion, puis la ferveur diminua, et le vénéré sanctuaire se trouva délaissé. En août 1854, le choléra revint plus épouvantable du jamais (sur 3000 habitants, 500 périrent dont deux prêtres). Ce fut un voile de deuil sur toute la cité. Encore une fois Aniane se souvint qu’on n’invoque jamais Marie en vain. Le 8 septembre, on renouvela le voeu des premiers habitants. On fit une procession de pénitence et de prières. Deux jours après, le fléau avait cessé. Il n’y eu plus aucun décès. Depuis cette époque Aniane n’a pas oublié ; chaque année une magnifique procession parcourt, pour les fêtes de la Nativité, les rues de la Ville. On y trouve actuellement dans cette chapelle rénovée, les statues de :
- Notre Dame de la Délivrance
- Ste Anne
- St Joseph et l’enfant Jésus et autour de l’autel de nombreux ex-voto

A bientôt, sur le site, pour d’autres comptes rendus de lieux saints héraultais.


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